Saint GRAT, 1er évêque d'Oloron (507)

  Fête : 11 octobre

Suivant une ancienne et respectable tradition, saint Grat naquit sur les confins de la Soule, dans le village de Lichos dans les Basses-Pyrénées. Son enfance et sa jeunesse s'écoulèrent sous le feu de la persécution d'Euric. Mais les violences du prince arien n'ébranlèrent pas sa constance ; au contraire, comme un autre Tobie, il demeura toujours fidèle à sa religion ; ses exemples et ses exhortations soutinrent un grand nombre de catholiques dans la foi de Jésus-Christ, vrai Dieu et vrai homme tout ensemble. Aussi fut-il porte sur le trône épiscopal par les suffrages du clergé et du peuple, dès que l'avènement d'Alaric II eut rendu une certaine liberté aux Églises. Devenu évêque, saint Grat fit éclater dans toute sa conduite les qualités les plus éminentes. « Il fut », disent les mémoires de l’Église d'Oloron, « un astre brillant de l'Église de France, un prodige de sainteté, profond en humilité, attaché au soin des âmes, austère en sa vie, plein de charité, homme de miséricorde et père des pauvres ».

Le nouvel évêque eut à remplir les devoirs d'une charge importante que lui conférait la législation de l'époque, celle de défenseur de la cité. Oloron conservait encore ce titre, comme le prouve la signature du saint, episcopus de civitate Oloron. Or, en ce temps-là, chaque cité avait son défenseur, et l'usage avait prévalu que ce défenseur fût l'évêque lui-même ; la loi wisigothique reconnaissait et cette charge et cet usage. Comme défenseur de la cité d'Oloron, saint Grat devait protéger son peuple contre les vexations du fisc et de l'autorité subalterne, contre les injures privées et le despotisme public, contre tous ses ennemis, soit du dedans, soit du dehors. Il s'acquitta de ces nobles fonctions en homme de coeur ou, pour mieux dire, en saint.

La religion surtout réclamait son énergie, à cause des dangers que lui faisait courir la secte arienne, maîtresse du pays. Sous ce rapport, il se montra « puissant et généreux ennemi des Goths », ajoutent les mémoires que nous avons déjà cités, et, par sa vigilance pastorale, il sut préserver son troupeau de la contagion de l'hérésie, en attendant le secours que d'autres barbares venaient apporter au culte catholique.

Depuis quelques années, les Francs s'étaient établis au nord et dans le centre des Gaules. Clovis, leur chef, avait abjuré le paganisme, reçu le baptême des mains de saint Remi, et fondé une monarchie que l'on devait nommer un jour « la fille aînée de l’Église ». Sous son autorité, les Gaulois, les Romains et les Francs, réunis en un seul État, ne connaissaient et ne pratiquaient que la foi de l'Église universelle, dans les pays situés au-delà de la Loire. Clovis appelé, dit-on, par les évêques méridionaux, résolut d'étendre l'unité religieuse et politique jusqu'au sommet des Pyrénées : il marcha contre les Wisigoths. Dignes rivaux l'un de l'autre, Alaric et Clovis se rencontrèrent aux champs de Vouillé, dans le Poitou. Le choc fut terrible pour Alaric : il périt de la main même du roi des Francs qui, volant de conquête en conquête, détruisit le royaume de Toulouse et recula le sien jusqu'aux dernières limites de la Novempopulanie (507). Alors, Oloron, l'antique cité Gallo-Romaine, devint une ville Gallo-Franque.

Saint Grat profita de ce changement pour cicatriser les plaies de son Église, où il fit refleurir la foi et les moeurs catholiques. Moins heureux, en un sens, que son collègue, Galactoire de Béarn, qui avait été martyrisé par les Ariens, durant la dernière guerre, l'évêque d'Oloron prolongea ses jours jusqu'à la plus extrême vieillesse. Mais, s'il n'eut pas la gloire de verser son sang pour la défense de la religion, il ne laissa pas d'imprimer dans tous les coeurs une telle vénération pour ses vertus, que la postérité le reconnaît et l'honore comme un saint, non sans avoir éprouvé bien des fois la puissance de sa protection.


Sources :

« Saint Grat de Lichos, premier évêque connu de l'ancien siège d'Oloron et confesseur », dans Paul Guérin, Les Petits Bollandistes : du 3 octobre au 27 octobre, t. XII, Paris, Bloud et Barral, 1876, p.275 (en ligne : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k30742f/f281.item)