Saint VANNES, évêque de Verdun (529)

  Fête : 14 novembre

Le roi Clovis, s'étant rendu maître de la ville de Verdun, ne crut pas prudent, malgré la soumission et le bon accueil des Verdunois, de laisser à leurs suffrages le choix de l'évêque qui devait remplacer saint Firmin ; et il déclara qu'Euspice était l'homme qu'il voulait voir appelé à ce poste éminent, dès lors le premier de la cité. Cet Euspice était un vieillard vénérable que les habitants de Verdun avaient député au roi des Francs pour implorer sa clémence en faveur de la cité assiégée. Il fut donc élu par acclamation mais il s'excusa d'accepter, à cause de son grand âge, qui ne lui laissait d'autre désir que celui de terminer ses jours dans la paix du cloître ; puis présentant saint Vannes, l'un de ses deux neveux, il attesta qu'il était digne de la charge à laquelle on avait voulu l'élever lui-même : Vannes fut élu.

L'histoire de ce saint pontife est encore à demi légendaire, et, du temps de Bertaire (IXe siècle), il ne se trouvait plus d'écrit ancien à son sujet. De ce que l'on sait d'une manière générale, il résulte que saint Vannes fut l'un des grands personnages de son époque ; qu'il extirpa chez les Verdunois les restes de l'idolâtrie que, sous son administration, et grâce sans doute à la faveur de Clovis, l’évêché commença à devenir le pouvoir prépondérant à Verdun ; enfin, que son épiscopat dura environ vingt-cinq ans.

Vannes mourut en telle odeur de sainteté que l'ancienne basilique où il reposait, à coté de la plupart de ses prédécesseurs, ne fut bientôt plus connue que sous son nom, à cause de l'affluence du peuple qui venait de loin prier à son tombeau. Cette église conserva, jusqu'en 1790, les reliques de son patron, dans une chasse d'argent où les avait transférées, en 1147, le pape Eugène III en personne, lorsqu'il vint faire la dédicace de la cathédrale, reconstruite par l’évéque Albéron de Chiny. On nous a décrit cette châsse comme un coffret d'argent doré, orné à l'extérieur de figurines et de joyaux simulant des pierreries. Ce reliquaire avait la forme d'une petite église, et portait une inscription en vers latins mentionnant la translation dont nous venons de parler. A l'époque de la Révolution, on put cacher heureusement les reliques de notre saint évêque ; elles enrichissent encore le trésor de la cathédrale de Verdun.

L'histoire légendaire attribue à saint Vannes d'avoir délivré le pays d'un dragon ou grand serpent, qui avait établi son repaire dans les rochers sur lesquels s'élève aujourd'hui la citadelle, s'élançant de là sur les hommes et les animaux, et répandant au loin la mort par son souffle empesté. On essaya vainement de le détruire ; on chanta des liturgies et des psaumes ; enfin saint Vannes, prenant avec lui quelques fidèles, marcha hardiment à la caverne du monstre. Le peuple le regardait de loin et priait Dieu. On le vit pénétrer seul dans le lieu d'horreur, et, quelque temps s'étant écoulé dans une anxiété générale, on craignait déjà qu'il ne sortit plus de cet antre, lorsque enfin il reparut, tirant par son étole le hideux reptile, qu'une puissance invisible semblait dompter à ses pieds et il le traina ainsi jusqu'à la Meuse, où l'effroyable bête se jeta et disparut pour toujours.


Sources :

« Saint Venne ou Vannes, huitième évêque de Verdun (vers 529) », dans Paul Guérin, Les Petits Bollandistes : du 28 octobre au 30 novembre, t. XIII, Paris, Bloud et Barral, 1876, p.408 (en ligne : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k30743s/f414.item)