Saint NOTKER le Bègue, moine et liturge à Saint-Gall (912)

  Fête : 6 avril

Le bienheureux Notker, moine de Saint-Gall, surnommé Balbulus, parce qu'il était bègue, naquit, vers le milieu du IXe siècle, à Heiligenau, en Thurgovie, d'une famille distinguée, et fut élevé dans l'abbaye de Saint-Gall, où il prit ensuite l'habit.

Il fit de grands progrès dans la musique pour laquelle il avait un goût décidé. Il y avait, a Saint-Gall, deux écoles, l'une dans le monastère, l'autre au dehors : Notker fut chargé du soin de la première. Dans ses moments de loisir, il travaillait à composer divers ouvrages et à transcrire des manuscrits.

Ses talents et sa sainteté lui acquirent bientôt une grande réputation, et l'empereur Charles le Gros le consultait souvent dans les affaires difficiles.

Un jour qu'un officier était venu de la part de ce prince, pour avoir son avis sur une chose importante, il le trouva arrachant dans le jardin de mauvaises herbes qu'il remplaçait par de bonnes plantes. L'envoyé lui ayant fait part de sa commission, le bienheureux Notker, pour toute réponse, lui dit : « Tu vois ce que je fais, va dire à l'empereur qu'il en fasse autant ».

Une autre fois, l'empereur étant allé lui-même à Saint-Gall, pour consulter le saint religieux, qu'il appelait son ami et son conseiller spirituel, le chapelain du prince, homme savant, mais orgueilleux, qui voyait avec jalousie que son maître mettait toute sa confiance dans un moine, qu'il regardait comme un ignorant, dit, en voyant arriver près de lui l'humble religieux : « Je vais lui poser une question qui démontrera son ignorance » ; et lui adressant la parole : « Dites-moi donc, vous qui êtes si savant, ce que Dieu fait actuellement dans le ciel ? » - « Il élève les humbles et abaisse les superbes ». Le chapelain, choqué de cette réponse, qui le couvrait de confusion, sortit sur-le-champ du monastère ; mais son cheval s'étant cabré, lui fit faire une chute qui lui meurtrit la figure et lui cassa un pied. Les moines, instruits de cet accident, courent le relever et le rapportent au monastère pour lui donner les secours dont il avait besoin.

Mais comme le mal, loin de guérir, allait toujours en empirant, on conseilla au chapelain d'avoir recours aux prières de Notker. Il s'y refusa longtemps, par orgueil cependant, vaincu par la violence du mal, il s'écria enfin : « Faites venir le serviteur de Dieu, afin qu'il me pardonne et me bénisse, quelque indigne que j'en sois ». Notker s'étant rendu près de lui : « Ô mon Père, dit alors le blessé, j'ai péché contre Dieu et contre vous, pardonnez-moi, et touchez mon pied afin qu'il soit guéri ». Notker s'étant mis à prier avec ferveur, le chapelain se sentit à l'instant soulagé. Le bienheureux Notker mourut le 6 avril 912, et son corps fut enterré dans la chapelle de Saint-Pierre. Plusieurs miracles opérés à son tombeau lui ont fait rendre un culte public, et sa fête se célèbre, à Saint-Gall, le troisième dimanche après Pâques.


Sources :

« Le bienheureux Notker-le-Bègue (912) », dans Paul Guérin, Les Petits Bollandistes : du 26 mars au 23 avril, t. IV, Paris, Bloud et Barral, 1876, p.260 (en ligne : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k30734t/f266.item.texteImage.zoom)