Saint HORMISDAS, pape de Rome, confesseur (523)

  Fête : 6 août

Saint Hormisdas, qui fut élu pour succéder à saint Symmaque, était né à Frusinona, en Campanie. Son père se nommait Justus. Avant d'entrer dans les ordres sacrés, il avait été engagé dans l'état du mariage et avait eu un fils nommé Silvère, qui devint pape plus tard. Diacre de l'Eglise romaine, il se distingua par tant de preuves de vertu et de capacité, que le clergé et le peuple romain le choisirent d'une commune voix. Le nouveau pontife se montra digne de ses saints prédécesseurs. Au moment où il monta sur la chaire apostolique, Constantinople vit se dérouler une révolution qui faillit avoir pour l'empereur Anastase les conséquences les plus funestes. Ce prince, pour calmer le peuple révolté, fut obligé de se présenter devant lui, dans l'attitude d'un suppliant, et de promettre solennellement de rappeler les évêques bannis, d'embrasser la communion orthodoxe et de protéger l'Eglise véritable. Pour donner un semblant d'exécution aux promesses que la peur venait de lui arracher, Anastase écrivit au pape Hormisdas une lettre par laquelle il le priait d'envoyer des légats à un concile qui devait se réunir à Héraclée, pour traiter de la réunion des deux Eglises et de l'extinction du schisme d'Orient.

Hormisdas saisit avec joie l'occasion d'éteindre un schisme qui désolait depuis si longtemps l'Eglise. Il envoya à Constantinople, en qualité de légats : Ennodius, l'ancien diacre et plus tard successeur de saint Epiphane sur le siège de Pavie ; Fortunat, évêque de Catane ; le prêtre Venantius, le diacre Vital, et le notaire Hilarus. Mais Anastase n'avait nullement l'intention de poursuivre une négociation sérieuse avec le Saint-Siège ; il voulait gagner du temps pour tromper tout le monde. Les légats furent renvoyés avec une lettre adressée au pape, dans laquelle il anathématisait en termes formels la doctrine d'Eutychès et témoignait son étonnement de ce que le pape eût pu le soupçonner de sentiments hétérodoxes au sujet du concile de Chalcédoine. Pendant qu'il mentait ainsi à sa conscience, il faisait déporter les évêques de Nicopolis, de Lignide, de Naïsse et de Paulitale, et apostasier Dorothée, métropolitain de Thessalonique. Les évêques d'Illyrie et d'Epire se réunirent alors en concile, et adressèrent à saint Hormisdas les procès-verbaux de leurs séances et les décrets qu'ils avaient promulgués.

Le saint pape accueillit avec bonheur ces témoignages de fidélité et de dévouement à la cause de Dieu, et les en félicita. Comme le métropolitain apostat, Dorothée, prélevait sur les Eglises d'Illyrie des impôts énormes et inventait chaque jour de nouvelles formes d'oppression, les évêques eurent encore recours au pape, qui se détermina, à envoyer une seconde députation à Constantinople, pour obtenir de l'empereur la cessation de pareilles violences. Anastase repoussa les légats de sa présence d'une manière offensante, et les fit embarquer sur un de ses navires avec une escorte qui avait ordre de ne les laisser communiquer avec aucune des villes de l'empire. Cependant les envoyés du Saint-Siège purent remettre à quelques moines orthodoxes les dix-neuf exemplaires des protestations pontificales, qui furent ainsi répandues et affichées dans toutes les cités de l'Asie. Les évêques Eutychéens, complices de l'hérésie d'Anastase et craignant les vengeances de cet empereur, arrachèrent ces affiches et les envoyèrent à la cour. Anastase ne mit plus de bornes à ses fureurs contre le pape Hormisdas. Il lui écrivit une lettre pleine d'injures, où il disait entre autres choses : « Apprenez que nous donnons des lois à tous et que nous n'en recevons de personne ». Mais la main de Dieu frappa ce prince impie durant un orage, la foudre, tomba sur lui et l'étendit mort. Son successeur, Justin, dit le Vieux, prit les rênes du gouvernement. Il était orthodoxe. Son premier soin fut d'envoyer le sénateur Gratus au pape Hormisdas, avec des lettres où il demandait au pontife de l'aider à rétablir la paix des Eglises en Orient. Hormisdas, par le conseil du roi Théodoric, fit partir pour Constantinople, en qualité de légat, l'évêque de Capoue, Germain, accompagné des prêtres Jean et Blandus, des diacres Félix et Dioscore et du notaire apostolique Pierre. Il leur donna des instructions précises sur la foi, et leur remit un libellus détaillé sur la forme à suivre pour recevoir l'abjuration des schismatiques et réconcilier les pénitents.

En arrivant à Constantinople, ils furent reçus par la population avec des transports d'allégresse. Une multitude de moines orthodoxes et de personnages illustres vinrent à leur rencontre. L'empereur Justin et le consul Vitalianus allèrent les recevoir au Castellum Rotundum et les escortèrent jusqu'à la capitale, au chant des hymnes sacrées. Le sénateur Gratus les accompagnait. L'évêque de Constantinople Jean et tout le clergé catholique de la ville assistaient à cette entrée solennelle et partageaient la joie générale. Mais les complices d'Acacius et les fauteurs de l'Eutychianisme, renfermés dans la grande basilique de Sainte-Sophie, rédigèrent une protestation et l'adressèrent à l'empereur ; mais l'œuvre de réconciliation n'en fut pas moins accomplie. Le pape Hormisdas se rendit à Ravenne pour en conférer avec le roi Théodoric. Après cette entrevue, le pape adressa une lettre solennelle à l'empereur Justin, aux termes de laquelle, après avoir renouvelé les condamnations antérieures contre Pierre Monge, Acacius et tous les hérétiques Eutychéens, le pontife réintégrait les Eglises d'Orient dans la communion du Siège apostolique.

Le schisme avait duré trente-cinq ans depuis la condamnation d'Acacius. Lorsque Jean, patriarche de Constantinople, souscrivit, en présence de l'assemblée des fidèles, l'acte de réunion, des larmes coulèrent de tous les yeux, et une immense acclamation en l'honneur du pape et de l'empereur retentit sous les voûtes de la basilique ; l'univers catholique tout entier y répondit, et l'Eutychianisme en reçut un coup mortel.

Hormisdas ayant découvert des Manichéens à Rome, les fit passer en jugement et condamner à l'exil. Leurs livres furent brûlés publiquement sur la place de la basilique Constantinienne (Saint-Jean de Latran). Sous ce pontife, l'épiscopat d'Afrique, qui avait été depuis soixante-quatorze ans aboli par les Ariens, commença à se reconstituer. Dans le même temps, on reçut à Rome une couronne d'or envoyée par Clovis, roi des Francs, au tombeau du bienheureux Pierre, apôtre. Un grand nombre de vases d'or ou d'argent et d'objets précieux furent également envoyés de Constantinople par l'empereur Justin, entre autres un manuscrit des saints Evangiles, revêtu de deux tablettes d'or du poids de quinze livres, enrichies de pierres précieuses. Le roi Théodoric offrit de son côté au bienheureux Pierre, apôtre, deux lustres d'argent pesant soixante-dix livres.

Ce fut sous le pape Hormisdas que fut institué l'Ordre des Bénédictins, par saint Benoît, vers l'an 520. Hormisdas était un modèle de modestie, de patience et de charité ; il veilla avec une attention infatigable sur toutes les Eglises, recommanda au clergé les vertus propres à cet état, et lui adressa des instructions sur la psalmodie. Par une lettre décrétale adressée à tous les évêques d'Espagne, il défendit d'ordonner des prêtres per saltum, c'est-à- dire sans observer les interstices prescrits par les canons. Les pénitents publics ne pouvaient recevoir les ordres. Il fallait s'enquérir longuement de la probité et de la science des ordinands. Enfin des synodes provinciaux devaient être célébrés au moins une fois chaque année, « parce que », disait le Pape, « c'est un moyen très-efficace de conserver la discipline »,

Saint Hormisdas employa à orner les églises de Rome cinq cent soixante et onze livres d'argent, produit de la charité des fidèles. II construisit une basilique sur le territoire d'Albe, dans le domaine dit Fontis. Notre Eglise des Gaules lui doit l'érection du siège de Reims en un vicariat du Siège apostolique. En plusieurs ordinations faites à Rome au mois de décembre, il créa cinquante-cinq évêques, vingt et un prêtres, dix diacres, et gouverna l'Eglise neuf ans et dix jours. Il mourut le 6 août 523. Il eut le bonheur de voir les Bourguignons renoncer a l'arianisme, les Ethiopiens au paganisme, et les Homérites abjurer la superstition judaïque. II fut enterré dans la basilique de Saint-Pierre. Après lui, la vacance du siége épiscopal fut de sept jours.


Sources :

« Saint Hormisdas, pape et confesseur », dans Paul Guérin, Les Petits Bollandistes : du 24 juillet au 17 août, t. IX, Paris, Bloud et Barral, 1876, p.355 (en ligne : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k30739j/f361.item)