Saint SÉRÈNE, évêque de Marseille (606)

  Fête : 9 août

Les débuts de saint Sérène, successeur de saint Théodore, furent marqués par l'arrivée à Marseille des moines que saint Grégoire le Grand envoyait en Angleterre pour évangéliser le peuple, dont la misère spirituelle avait touché le cœur de ce grand pape. Grégoire leur avait donné une lettre pour l'évêque de Marseille : « Quoique, auprès des évêques pleins de la charité qui est agréable à Dieu », disait le pape, « des religieux n'aient besoin d'aucune recommandation, cependant comme il s'est présenté une occasion favorable de vous écrire, nous avons eu soin d'envoyer nos lettres à votre fraternité, recommandant le porteur des présentes, le serviteur de Dieu Augustin, dont le zèle nous est bien connu, avec d'autres serviteurs de Dieu (Jean, Pierre et Laurent), que nous envoyons là-bas pour le bien des âmes, avec l'aide de Dieu. En outre, nous recommandons pour toute chose à votre charité le prêtre Candide, notre fils et le vôtre, que nous envoyons pour gouverner le petit patrimoine de notre Eglise ». Cette lettre, conservée dans les œuvres de saint Grégoire le Grand, est datée du 20 juillet 596.

Saint Augustin et ses compagnons obtinrent les plus beaux succès apostoliques dans la Grande-Bretagne. Augustin vint même plus tard se faire sacrer évêque à Arles, et probablement saint Sérène, qui l'avait aidé de ses secours et de ses recommandations, fut l'un des trois prélats consécrateurs. En 599, les envoyés de saint Augustin rapportèrent de Rome une nouvelle lettre de saint Grégoire le Grand à saint Sérène.

Ce même pape écrivit d'ailleurs plusieurs lettres à notre évêque. Quelques-unes ont trait à un excès de zèle qui fut déployé par saint Sérène contre les idolâtres, quand il alla jusqu'à briser les images des saints dans quelques églises de Marseille. D'autres se rapportent à des calomnies que le pape avait reçues à propos de la longanimité prétendue excessive de Sérène envers un de ses subordonnés coupable. L'évêque d'Arles prit la défense de notre saint pontife, et Grégoire le Grand ne tarda pas à rendre toute son estime à un évêque qu'on avait cherché à desservir auprès de lui.

Heureux et consolé par les témoignages d'affection que le souverain pontife donna ensuite à saint Sérène, ce dernier voulut aller visiter les tombeaux des Apôtres et vénérer Pierre dans la personne de son digne successeur. De retour de Rome, il fut obligé par une maladie soudaine à s'arrêter à Blanderat, petite ville du Milanais. Il y mourut saintement, et son tombeau, miraculeusement découvert longtemps après sa mort, devint célèbre par les prodiges qui s'y accomplissent encore de nos jours.

Une précieuse relique de saint Sérène fut donnée par Mgr Solaro, évêque de Verceil, à Mgr de Belsunce, en 1747. La Révolution la profana, et elle fut dispersée avec tant d'autres richesses de l'Eglise de Marseille. Mais en 1840, Mgr de Mazenod alla lui-même à Blanderat, demanda à Mgr d'Angennes une nouvelle relique, et il obtint un bras tout entier, confié depuis à la garde du chapitre de Marseille. Une parcelle de cette relique insigne fut donnée en 1842 à l'église paroissiale de la Sainte-Trinité qui, tout en conservant son ancien vocable, est placée sous le patronage de saint Sérène. C'est même en souvenir de la translation de la relique donnée à cette paroisse que la fête de saint Sérène s'y célèbre le deuxième dimanche après l'Epiphanie.


Sources :

« Saint Sérénus ou Sérène, évêque de Marseille et confesseur », dans Paul Guérin, Les Petits Bollandistes : du 24 juillet au 17 août, t. IX, Paris, Bloud et Barral, 1876, p.421 (en ligne : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k30739j/f427.item)